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La plupart des membres des Cavernes voisines qui n’étaient pas à la Réunion d’Été se trouvaient à la Neuvième lorsque les voyageurs y parvinrent. Un messager avait annoncé leur venue et on avait guetté leur arrivée. Un repas les attendait. Des chasseurs avaient abattu un mégacéros, cerf aux bois gigantesques dont l’envergure pouvait atteindre plus de douze pieds chez un mâle adulte. On en coupait souvent les andouillers, destinés à un autre usage, pour garder la base, large et concave, aussi solide que de l’os. On pouvait s’en servir comme plat ou, après en avoir aiguisé un bord, comme pelle pour vider un âtre de ses cendres, creuser un trou dans le sable d’une berge ou dans la neige. Si on lui donnait la forme adéquate, elle pouvait aussi se transformer en aviron ou en gouvernail pour faire avancer et diriger les radeaux. Ce gigantesque cerf fournit aussi de la viande pour les voyageurs affamés, les membres de la Neuvième Caverne et leurs voisins, avec abondance de restes.

Le lendemain matin, ceux qui accompagnaient la Première rassemblèrent leurs affaires, dont une partie des restes de viande, pour le Voyage et couvrirent la courte distance séparant la Caverne du Gué. Ils traversèrent en pataugeant pour rejoindre le quai en bois situé en face de l’abri connu sous le nom de Bord de Rivière, la Onzième Caverne des Zelandonii. Plusieurs radeaux faits de troncs de jeunes arbres, ébranchés et attachés ensemble, étaient amarrés au quai, simple structure en bois s’avançant au-dessus de l’eau. Certains étaient prêts à être utilisés, d’autres en cours de réparation. Ayla remarqua sur la berge les troncs alignés d’un radeau dans la première phase de fabrication. La partie la plus épaisse des jeunes arbres constituait l’arrière, les extrémités plus minces, rassemblées en une sorte de proue, formaient l’avant.

Les chevaux avaient tiré jusqu’à la Onzième Caverne les travois chargés de l’essentiel des ballots qu’il fallait maintenant attacher sur les radeaux. Heureusement, les Zelandonii savaient voyager avec peu de choses et n’emportaient que ce qu’ils pouvaient porter eux-mêmes. S’y ajoutait seulement le poids des perches. Exception faite d’Ayla et de Jondalar, ils n’avaient pas pris l’habitude de dépendre des chevaux et des travois pour transporter leurs affaires.

Ceux de la Onzième Caverne qui guideraient les radeaux sur la rivière en dirigeaient le chargement. Il serait difficile d’en garder le contrôle si les ballots étaient mal répartis. Jondalar et Ayla les aidèrent à porter les longues perches sur le radeau de tête, celui où prendraient place la Première, Willamar et Jonokol. Il fallut démonter le travois le plus lourd – celui du siège – avant de le charger sur le deuxième radeau, qui emmènerait Amelana et les deux jeunes apprentis de Willamar, Tivonan et Palidar.

Ayla et Jondalar – et Jonayla, bien sûr – longeraient la rivière à cheval tant qu’il y aurait une berge ; lorsqu’elle s’arrêterait, ils avanceraient en pataugeant, en nageant ou, à certains endroits, en faisant un détour qui les éloignerait du cours d’eau. Il y avait en particulier une zone de rapides, avec de gros rochers et des tourbillons, que Kareja leur recommanda instamment d’éviter. Elle conseilla aussi aux passagers des radeaux que cet endroit pouvait effrayer de faire eux aussi le chemin à pied. Quelques années plus tôt, un radeau s’y était retourné et s’il n’y avait eu aucun mort plusieurs personnes avaient été blessées.

Pendant le chargement, une femme descendit de l’abri de pierre situé à quelque distance de la rive, un peu en hauteur, et alla parler à la Première. Elle voulait que la guérisseuse examine sa fille, que ses dents faisaient beaucoup souffrir. Après avoir confié Jonayla à Jondalar, Ayla suivit la doniate jusqu’à l’abri. Il était moins vaste que celui de la Neuvième Caverne, mais c’était le cas de la plupart des abris. La femme les conduisit à une petite habitation construite sous le surplomb rocheux. À l’intérieur, une jeune femme de seize ans environ, couverte de sueur, s’agitait sur une fourrure de couchage.

— J’ai quelque expérience des maux de dents, lui dit Ayla en se rappelant la fois où elle avait aidé Iza à arracher une des molaires de Creb. Tu me laisses regarder ?

La jeune femme se redressa, secoua la tête.

— Non, répondit-elle d’une voix étouffée.

Elle se leva, s’approcha de la Première en montrant sa joue.

— Arrête simplement la douleur, s’il te plaît.

La mère intervint :

— Notre Zelandoni lui a donné une médecine avant de partir mais elle ne fait plus effet maintenant, la douleur est trop forte.

— Je vais lui donner un remède puissant qui la fera dormir, lui dit la doniate. Et je t’en laisserai pour que ta fille en reprenne plus tard.

— Merci. Merci beaucoup.

Tandis que les deux femmes redescendaient vers la rivière, Ayla tourna vers Zelandoni un regard interrogateur.

— Tu sais ce qu’elle a ?

— Elle a un problème avec ses dents depuis qu’elles ont commencé à pousser. Elle en a trop, une double rangée.

Devant la mine perplexe de son acolyte, la Première continua :

— Elle a deux séries de dents qui tentent de pousser au même endroit en même temps, ce qui fait qu’elles sont toutes de travers. Elle a eu d’épouvantables maux de dents quand elle était bébé, et plus tard aussi, avec ses deuxièmes dents. Après quoi, elle a été tranquille pendant quelques années, mais quand les dents du fond ont commencé à pousser, elle a de nouveau terriblement souffert.

— On ne peut pas en arracher quelques-unes ?

— Leur Zelandoni a essayé mais elles sont si serrées l’une contre l’autre qu’il n’y est pas arrivé. Elle a tenté de le faire elle-même il y a quelques lunes, elle a simplement réussi à en casser plusieurs. Depuis, la douleur a encore augmenté. Je pense qu’il doit y avoir maintenant de l’inflammation et du pus mais elle ne laisse personne regarder. Je ne suis pas sûre que sa bouche guérira un jour. Elle mourra certainement de ces dents. Il vaudrait peut-être mieux lui donner trop de ce remède et la laisser passer tranquillement dans le Monde d’Après… Mais c’est à elle et à sa mère d’en décider.

— Elle est si jeune ! Et elle paraît si forte…

— Oui, c’est vraiment dommage, mais puisqu’elle refuse toute aide, je crains que ses souffrances ne cessent que lorsque la Mère la rappellera à Elle.

Lorsqu’elles revinrent à la rivière, les deux radeaux étaient presque chargés. Ils transporteraient les travois démontés et six des voyageurs. Ayla et Jondalar voyageraient à cheval avec leurs affaires dans leurs sacs à dos. Loup se débrouillerait seul, naturellement. Kareja leur expliqua qu’ils avaient envisagé d’utiliser trois radeaux mais qu’il n’y avait pour le moment pas assez de personnes pour en diriger plus de deux. Comme il aurait fallu envoyer chercher d’autres membres de la Onzième et attendre leur arrivée, ils avaient décidé que deux suffiraient. Ils n’entreprenaient jamais un voyage aussi long et potentiellement dangereux avec moins de deux radeaux.

On remontait la rivière en s’aidant d’une ou de plusieurs longues perches sur lesquelles on poussait après en avoir appuyé une extrémité sur le fond du lit, et pour la descendre on laissait faire le courant. Comme ils allaient vers l’aval, une fois que les cordes attachant les radeaux au quai de bois furent dénouées, le voyage commença facilement. Ils n’utilisèrent les perches que pour diriger les radeaux et éviter les rochers. Les membres de la Onzième guidaient aussi leurs embarcations par un autre moyen : une partie centrale de bois de mégacéros attachée à un manche. Ce gouvernail rudimentaire, monté à l’arrière du radeau, pouvait pivoter à droite ou à gauche pour le faire changer de direction. Avec les bois d’élan ou de mégacéros en forme de palme, la Onzième fabriquait aussi des sortes de rames qui aidaient à propulser et à guider les radeaux. Mais il fallait de l’habileté et de l’expérience pour diriger ces plateformes lourdes, peu maniables, et généralement trois personnes unissaient leurs efforts pour cette tâche.

Ayla mit les couvertures de cheval sur les dos de Whinney, de Rapide et de Grise, attacha une longe à la jeune jument mais plaça Jonayla devant elle sur Whinney pour le moment. Elle aurait bien le temps de laisser sa fille seule sur Grise quand elles ne devraient pas descendre dans l’eau et en ressortir. Dès que le premier radeau s’écarta du quai, Ayla chercha Loup des yeux, le siffla. Il la rejoignit en bondissant, tout excité. Il savait qu’il se passait quelque chose. Ayla et Jondalar firent entrer les chevaux dans l’eau et quand ils furent parvenus à la partie la plus profonde de la rivière, près de son milieu, ils nagèrent en suivant les radeaux avant de ressortir sur la berge opposée.

Les embarcations descendaient à bonne vitesse vers le sud et les bêtes réussirent à ne pas trop se faire distancer tant qu’il y avait une bande de terre le long de la rivière. Lorsqu’il n’y eut plus que la paroi rocheuse, Ayla et Jondalar retournèrent dans l’eau et laissèrent les chevaux nager. Sur le second radeau, les membres de la Onzième utilisèrent les rames pour ralentir afin que les bêtes puissent les rattraper. Quand elles l’eurent fait, Shenora, la femme qui tenait le gouvernail de la première plateforme, avertit Ayla et Jondalar d’une voix forte :

— Juste après la prochaine courbe, il y a une rive basse. Profitez-en pour sortir et contourner les falaises suivantes. Nous allons entrer dans une zone de tourbillons. C’est un passage difficile, il vaut mieux pour vous et pour les chevaux que vous sortiez du lit de la rivière.

— Et vous, sur les radeaux, vous ne risquez rien ? répondit Jondalar sur le même ton.

— Nous avons l’habitude. Avec une personne à la perche, une autre à la rame et moi au gouvernail, ça devrait aller.

Jondalar, qui tenait la longe de Grise, commença à diriger Rapide vers la gauche, le côté de la rive basse. Ayla suivit, un bras autour de Jonayla. Loup nageait derrière.

Amelana et les deux apprentis, Tivonan et Palidar, se trouvaient sur le deuxième radeau, le plus proche. La jeune femme paraissait inquiète mais ne montrait aucune intention de descendre et de faire le chemin à pied. Les deux jeunes gens s’affairaient autour d’elle : une jeune femme séduisante attirait toujours les hommes, surtout si elle était enceinte. Zelandoni, Jonokol et Willamar, qui voyageaient sur le premier radeau, étaient maintenant hors de portée de voix de Jondalar et c’était essentiellement d’eux qu’il se préoccupait. Mais si la Première avait décidé de ne pas quitter le radeau à cet endroit, c’était parce qu’elle devait se sentir suffisamment en sécurité.

Lorsqu’ils sortirent de la rivière, bêtes et cavaliers ruisselants d’eau, les passagers des radeaux les regardèrent s’éloigner. Zelandoni ne fut plus si sûre d’avoir pris la bonne décision en restant sur la plateforme de troncs d’arbres attachés par des lanières de cuir, des tendons et des cordes en fibre. Soudain, la présence de la terre sous ses pieds lui manqua. Si elle avait déjà remonté une rivière à l’aide d’une perche ou descendu des eaux calmes, elle n’avait jamais choisi de passer par les rapides pour rejoindre la Grande Rivière, mais Jonokol et surtout Willamar semblaient si sereins qu’elle ne pouvait se résoudre à reconnaître sa peur.

Brusquement, un coude de la rivière lui dissimula le dernier endroit où elle aurait pu échapper à l’eau tourbillonnante. Elle se força à regarder de nouveau devant elle et chercha fébrilement les poignées en cordage prolongeant les liens qui attachaient les troncs d’arbres ensemble et qu’on lui avait montrées avant qu’elle monte sur le radeau. Elle était assise sur un lourd coussin en cuir enduit de graisse pour empêcher l’eau de pénétrer car il fallait s’attendre à se faire tremper sur un radeau. Devant, la rivière était une masse blanche écumante. L’eau s’insinuait entre les troncs, passait par-dessus les côtés et le devant. La doniate remarqua que le grondement se faisait plus fort alors que le puissant courant les entraînait plus avant entre des falaises s’élevant haut de part et d’autre de la rivière.

Ils se retrouvèrent au milieu des tourbillons ; l’eau bondissait au-dessus des rochers, contournait des blocs arrachés aux parois et érodés par le courant. La Première retint un cri quand l’avant du radeau s’enfonça et qu’une eau froide lui gifla le visage.

Généralement, si les orages n’avaient pas grossi la rivière, son débit restait à peu près le même partout, mais les changements de son lit affectaient son courant. Là où elle s’élargissait et devenait moins profonde, l’eau ne bouillonnait qu’un peu autour des rochers, mais lorsque les falaises se resserraient et que la pente du lit s’accentuait, l’eau, prise dans un couloir étroit, se soulevait avec plus de force. Et cette force entraînait les radeaux à vive allure.

Zelandoni était à la fois effrayée et excitée. Son estime pour les membres de la Onzième Caverne grandit fortement après qu’elle les eut vus maîtriser l’embarcation qui filait rapidement vers le bas de la Rivière. L’homme à la perche écartait le radeau des parois abruptes ainsi que des rochers qui émergeaient au milieu du lit. Son compagnon faisait de même avec sa rame ou s’en servait pour aider la femme qui tenait le gouvernail à diriger le radeau vers les parties où il n’y avait pas d’obstacles. Ils devaient travailler en équipe tout en réfléchissant indépendamment.

Après une courbe, le radeau ralentit tout à coup bien que l’eau continuât à filer toujours aussi rapidement autour d’eux : le fond de la plateforme frottait contre la pierre lisse d’une partie rocheuse du lit à peine recouverte d’eau. Ce serait l’endroit le plus difficile à remonter, au retour. Lorsqu’ils l’eurent passé, ils descendirent une courte cascade et se retrouvèrent dans une niche creusée dans la paroi, bloqués par un tourbillon. Ils flottaient mais ils étaient pris au piège, incapables de continuer à descendre la rivière.

— Cela arrive parfois, expliqua Shenora, qui tenait le gouvernail hors de l’eau depuis qu’ils avaient passé la courbe. Il faut s’écarter de la paroi mais ça peut être difficile. Ça l’est encore plus d’essayer de nager. Si vous quittez le radeau, l’eau vous aspire vers le fond. Il faut se dépêcher de sortir de ce tourbillon. Ceux de l’autre radeau seront là bientôt et ils pourraient nous aider, mais ils peuvent aussi être projetés contre le nôtre et se retrouver bloqués eux aussi.

L’homme à la perche glissa la pointe de ses pieds entre les troncs pour les empêcher de glisser et poussa contre la falaise. Son compagnon fit de même, bien que sa rame fût plus courte et moins solide. Elle pouvait se briser à l’endroit où le bois d’élan était attaché au manche en bois.

— Je crois qu’il vous faudrait un coup de main, dit Willamar.

Le Maître du Troc prit une des perches du travois, Jonokol en saisit une autre. Même à quatre, ils durent fournir de gros efforts pour sortir le radeau du tourbillon mais ils finirent par regagner le courant. L’homme à la perche dirigea le radeau vers un rocher émergeant du lit et, avec l’aide de ses compagnons, le maintint à cet endroit.

— Je pense qu’il vaut mieux attendre ici pour voir comment les autres se débrouilleront. Ce passage est plus traître que d’habitude.

— Bonne idée, approuva Willamar. Je ne tiens pas à perdre mes deux apprentis.

Alors même qu’ils parlaient, la deuxième plateforme sortit de la courbe et fut ralentie par le fond du lit comme la première l’avait été, mais le courant l’avait maintenue un peu plus loin de la falaise et elle ne fut pas prise dans le tourbillon. Lorsque ceux du premier radeau virent que le deuxième était passé, ils repartirent. Il y avait encore des rapides à franchir et, à un endroit, le radeau qui suivait heurta un rocher et se mit à tournoyer mais ses occupants réussirent à en reprendre le contrôle.

La Première s’accrochait aux poignées en corde quand elle sentait le radeau se soulever puis s’enfoncer dans l’eau agitée. Cela se produisit plusieurs fois avant qu’ils parviennent à une autre courbe. Au-delà, la Rivière devint subitement calme et la falaise de gauche fit place à une plage de sable sur laquelle on avait construit une sorte d’embarcadère. Le radeau s’en approcha, le rameur lança un cordage autour d’un poteau solidement enfoncé dans la berge. L’homme à la perche lança une autre corde et à eux deux ils amarrèrent le radeau.

— Nous allons faire halte ici pour attendre les autres, annonça l’homme à la perche. En plus, j’ai besoin de me reposer.

— Sûrement, dit la Première. Nous en avons tous besoin.

Le deuxième radeau apparut au moment où ceux du premier en descendaient. Ils aidèrent les autres à amarrer leur embarcation et ses passagers furent eux aussi tout heureux de descendre pour se reposer. Un peu plus tard, Ayla et Jondalar apparurent de derrière la falaise que les radeaux avaient longée. Le temps perdu dans le tourbillon avait permis aux chevaux de combler leur retard.

Ils se saluèrent avec effusion, contents de voir que tous étaient sains et saufs. Un homme de la Onzième Caverne alluma ensuite un feu dans une fosse qui avait manifestement déjà servi à cet usage. Près de la rive, on avait empilé et mis à sécher des pierres lisses et rondes prises dans la rivière. Les pierres sèches chauffaient plus vite quand on les mettait dans le feu et étaient moins dangereuses. L’humidité contenue dans une pierre pouvait la faire exploser si on l’exposait à la chaleur d’un feu. Quelqu’un alla prendre de l’eau à la rivière, la versa dans deux paniers à cuire. Plongés dans l’eau, les galets produisirent un nuage de vapeur et un bouillonnement. On en ajouta jusqu’à obtenir la température de cuisson.

Voyager sur l’eau était beaucoup plus rapide mais ne permettait pas de chasser et de cueillir en chemin et ils durent se contenter de la nourriture qu’ils avaient emportée. De la viande séchée fournissant la base savoureuse d’une soupe fut mise dans l’un des paniers avec des légumes séchés et des restes du mégacéros rôti de la veille. L’eau presque bouillante de l’autre panier servit à amollir des fruits séchés. Ce fut un repas frugal qui leur permit de retourner rapidement aux radeaux pour reprendre leur voyage avant la tombée de la nuit.

 

 

Près du confluent avec la Grande Rivière, de nombreux petits affluents vinrent grossir la Rivière et augmenter sa turbulence, mais l’eau ne redevint jamais aussi agitée qu’elle l’avait été dans les rapides. Ils suivirent la rive gauche en direction du sud jusqu’à ce que la Grande Rivière soit en vue, puis maintinrent leurs embarcations au milieu du lit jusqu’au confluent. Les courants contraires des deux cours d’eau avaient créé une barre de sable et de limon qui rendit le passage de l’un à l’autre encore plus périlleux. Tout à coup, ils se retrouvèrent dans un cours d’eau beaucoup plus large, avec un courant puissant qui les entraînait vers les Grandes Eaux. La perche ne servant plus à grand-chose, l’homme qui en était chargé la troqua contre une autre rame attachée près du bord du radeau. Les deux rameurs et Shenora, la femme qui tenait le gouvernail, unirent leurs efforts pour leur faire traverser la rivière au courant rapide. Le second radeau suivait.

Les chevaux et le loup traversèrent à la nage puis longèrent la berge en gardant le radeau en vue. Jondalar songea avec nostalgie aux bateaux utilisés par les Sharamudoï vivant près de la Grande Rivière Mère, là où elle devenait très large et très rapide, mais ces embarcations glissaient sur l’eau. Les plus petites pouvaient être manœuvrées par une seule personne munie d’un aviron à deux pelles. Jondalar avait appris à s’en servir, en dépit d’une ou deux mésaventures. Les plus grandes pouvaient servir à transporter des ballots lourds et plusieurs passagers. Il fallait plus d’une personne pour les faire avancer mais on les dirigeait plus facilement.

Il pensa aussi à la façon dont on les fabriquait. Les Sharamudoï commençaient par prendre un gros tronc d’arbre, l’évidaient avec des braises et des couteaux de pierre, le chauffaient à la vapeur pour l’élargir en son milieu et en effilaient les deux extrémités. Puis on ajoutait aux côtés des planches – appelées « lisses » – qui l’élargissaient encore et qu’on fixait avec des chevilles en bois et des lanières de cuir. Il avait participé à la construction d’une de ces embarcations lorsque Thonolan et lui vivaient chez les Sharamudoï.

— Ayla, tu te souviens des bateaux des Sharamudoï ? Je pourrais en fabriquer un, ou tout au moins essayer, un petit, pour montrer comment faire à la Onzième Caverne. J’ai tenté de le leur expliquer mais ce n’est pas facile d’être clair. Je crois qu’ils comprendraient si j’en faisais un.

— Je serai heureuse de t’aider, répondit-elle. Nous pourrions aussi construire un de ces bateaux ronds utilisés par les Mamutoï. Nous l’avons fait pendant notre Voyage, il contenait toutes nos affaires quand nous l’attachions aux perches de Whinney, en particulier pour traverser les rivières.

Fronçant les sourcils, elle ajouta :

— Mais Zelandoni aura quelquefois besoin de moi.

— Je sais. Ne te tracasse pas, je pourrai faire appel à mes apprentis. Les bateaux ronds sont utiles, mais je crois que j’essaierai d’abord de construire une de ces petites embarcations sharamudoï. Cela prendra plus de temps mais elles sont plus faciles à manœuvrer et cela nous donnerait l’occasion de fabriquer des outils adaptés à ce genre de travail. Si elle plaît autant que je le pense aux membres de la Onzième Caverne, je pourrai l’échanger contre une utilisation future de leurs radeaux, et s’ils décident d’en fabriquer d’autres, ils auront besoin d’outils spécialement conçus pour évider les troncs d’arbres et je conclurai des accords pour de nombreux voyages sur la rivière.

Ayla admira la façon dont Jondalar raisonnait, dont il pensait à l’avenir. Elle savait qu’il se préoccupait toujours d’elle et de Jonayla, ainsi que de son statut parmi les Zelandonii. C’était important pour lui et il avait le sens de ce qu’il devait faire dans chaque situation pour le maintenir. Sa mère, Marthona, avait ce même souci et il le tenait manifestement d’elle. Ayla comprenait cette notion de statut, qui comptait peut-être davantage encore au Clan, mais pour elle, ce n’était pas essentiel. Si elle avait toujours joui d’un certain statut parmi tous les peuples, elle n’avait jamais dû se battre pour l’acquérir et elle n’était pas sûre qu’elle saurait comment s’y prendre.

Le courant poussa les radeaux vers l’aval avant qu’ils atteignent l’autre côté. Le soleil était alors déjà bas sur l’horizon et tous furent soulagés lorsque les deux plateformes parvinrent à la rive opposée. Pendant que les autres installaient le camp, les deux jeunes apprentis de Willamar partirent à la chasse avec Jondalar et Loup. Il restait encore un peu de rôti de mégacéros, mais il ne durerait pas longtemps et ils avaient envie de viande fraîche.

Peu après s’être mis en route, ils aperçurent un bison mâle solitaire mais il les repéra et s’enfuit trop vite pour qu’ils puissent le suivre. Loup débusqua deux lagopèdes au nid, resplendissants dans leur plumage d’été. Jondalar en abattit un avec son lance-sagaie, Tivonan manqua l’autre et Palidar ne fut pas assez rapide pour utiliser son propulseur. Un lagopède ne suffirait pas à nourrir tout le monde, mais il commençait à faire noir et ils reprirent la direction du camp.

Jondalar entendit alors un jappement et, se retournant, vit Loup tenant en respect un jeune bison mâle. Il était moins grand que le premier et n’avait probablement quitté le troupeau maternel que depuis peu de temps pour rejoindre les jeunes mâles qui formaient de plus petits troupeaux à cette période de l’année. Aussitôt Jondalar saisit son propulseur, et Palidar l’imita, cette fois. Pendant que les trois hommes approchaient de leur proie, Tivonan parvint lui aussi à armer son lance-sagaie.

Le jeune bison inexpérimenté concentrait son attention sur le loup, qu’il craignait d’instinct, et ne se méfiait pas des prédateurs à deux pattes, qu’il ne connaissait pas. Jondalar, le plus efficace avec un propulseur, lança sa sagaie aussitôt après l’avoir placée dans l’instrument. Les deux autres mirent un peu plus de temps pour viser. Palidar tira en deuxième, suivi par Tivonan. Les trois projectiles touchèrent leur cible et l’animal s’effondra. Les deux jeunes apprentis poussèrent un cri de triomphe puis chacun d’eux saisit une des pattes avant par le sabot et ils traînèrent le bison vers le camp. Il fournirait assez de viande pour plusieurs repas des quatorze adultes, ainsi que de Loup, qui avait à coup sûr mérité sa part.

— Cette bête peut vraiment être utile, parfois, commenta Palidar en regardant l’animal, dont l’oreille était inclinée selon un angle bizarre.

Cette particularité distinguait Loup de tous les carnivores de son espèce et Palidar savait à quoi il la devait. C’était lui qui était avait arrivé le premier, l’année précédente, sur le lieu d’un combat de loups où gisaient les corps déchirés d’une femelle et d’un mâle que Loup avait réussi à tuer. Palidar avait pris un morceau de peau pour en décorer un sac mais, lorsqu’il avait rendu visite à son ami Tivonan, Loup avait senti l’odeur de l’animal et s’était avancé en grondant vers le jeune homme. Même Ayla avait eu du mal à l’éloigner de Palidar.

Les membres de la Neuvième Caverne avaient été stupéfaits car ils n’avaient jamais vu Loup faire mine d’attaquer un humain, mais Ayla avait remarqué le morceau de fourrure cousu sur le sac de Palidar, et après qu’il eut expliqué comment il se l’était procuré, elle avait compris. Elle lui avait demandé ce morceau de peau et l’avait jeté à Loup, qui l’avait mordu jusqu’à ce qu’il soit déchiqueté. Palidar avait conduit Ayla à l’endroit où il avait trouvé les deux cadavres, beaucoup plus loin qu’elle ne l’avait supposé. Elle avait été étonnée que Loup, blessé, eût réussi à se traîner sur une telle distance pour la rejoindre.

Elle avait expliqué à Palidar ce qui s’était probablement passé. Elle savait que Loup s’était trouvé une compagne solitaire et que le couple essayait sans doute de se tailler un territoire. Manifestement, la meute locale était trop puissante et Loup et sa compagne trop jeunes. Loup avait un autre désavantage : il n’avait pas été élevé avec une portée de louveteaux qui apprennent à se battre en jouant.

Sa mère était une louve qui avait eu sa période de chaleur en dehors de la saison et avait été chassée de la meute par la femelle dominante. Elle avait rencontré un vieux mâle qui avait quitté sa meute et peinait à survivre. Il avait été revigoré un temps d’avoir une jeune femelle pour lui seul mais était mort avant la fin de l’hiver, la laissant élever seule sa portée alors que la plupart des autres mères auraient eu l’aide de la meute.

Lorsque Ayla l’avait trouvé, Loup n’avait que quatre semaines et il était le dernier rescapé de la portée. C’était à cet âge qu’une mère louve aurait normalement amené ses petits hors de sa tanière pour qu’ils prennent l’empreinte de la meute. Au lieu de quoi, Loup avait pris l’empreinte de la meute humaine des Mamutoï, avec Ayla comme mère. Il n’avait pas connu ses frères loups, il n’avait pas été élevé avec d’autres louveteaux, il avait été élevé par Ayla avec les enfants du Camp du Lion. Comme une meute de loups et un groupe humain présentaient de nombreux traits communs, il s’était adapté à la vie avec des hommes.

Après le combat, Loup avait réussi à se traîner assez près du camp de la Neuvième Caverne pour qu’Ayla le retrouve. Presque tous les participants à la Réunion d’Été avaient souhaité qu’il guérisse. La Première avait même aidé Ayla à soigner ses blessures. Ayla avait recousu l’oreille déchirée, qui était, depuis, légèrement inclinée. Cela lui donnait un air canaille qui faisait sourire quand on le voyait.

 

 

Le Site Sacré que la Première voulait visiter était une grotte ornée se trouvant à plusieurs jours de marche au sud-est. Et les membres de la Onzième Caverne durent manœuvrer dans le même courant rapide pour traverser de nouveau la Grande Rivière. Il fallait la remonter sur une certaine distance pour atteindre l’autre rive, près du confluent avec la Rivière, qu’ils emprunteraient pour rentrer. Les deux groupes avaient pour destination une Caverne située, expliqua-t-on à Ayla, près du confluent d’un autre cours d’eau avec la Grande Rivière. Cette petite rivière prenait sa source dans une hauteur du Sud proche du lieu sacré que la Première voulait faire visiter à son acolyte. Ils prirent la direction de l’est en remontant la Grande Rivière le lendemain matin.

La Onzième n’était pas la seule Caverne qui utilisait des radeaux pour parcourir sur l’eau le territoire des Zelandonii. Des générations plus tôt, d’autres descendants des ancêtres fabricants de radeaux qui avaient fondé la Onzième Caverne avaient décidé d’établir une nouvelle Caverne de l’autre côté de la Grande Rivière, près de l’endroit d’où ils repartaient généralement. Ils avaient souvent campé dans la région, cherchant des grottes et des abris lorsque le temps devenait mauvais, et avaient exploré les environs quand ils partaient pour la chasse ou la cueillette.

Plus tard, pour les raisons habituelles – trop de monde dans le foyer, un désaccord avec la compagne du frère ou de l’oncle –, un petit groupe était parti fonder une nouvelle Caverne. Il y avait encore bien plus de terres inhabitées que de groupes humains pour les peupler. Pour la Caverne d’origine, c’était un avantage d’avoir à proximité un endroit où elle trouverait des amis, de la nourriture et un abri où dormir. Les deux groupes, étroitement liés, avaient trouvé des moyens d’échanger des biens et des services et la nouvelle Caverne avait prospéré. Elle avait pris le nom de Première Caverne des Zelandonii dans les Terres Situées au Sud de la Grande Rivière, raccourci avec le temps en Première Caverne des Zelandonii du Sud.

La doniate voulait s’entendre avec ses membres pour traverser au retour et les prévenir qu’un autre groupe qui projetait de la rejoindre viendrait de l’autre berge de la Grande Rivière. Elle désirait aussi discuter avec leur Zelandoni, une femme qu’elle connaissait déjà du temps où elle n’était qu’acolyte. Puis les voyageurs se sépareraient. Les membres de la Onzième Caverne traverseraient la Grande Rivière dans l’autre sens tandis que, partant du même endroit, le groupe du Périple de Doniate remonterait le petit affluent jusqu’à la grotte peinte.

Voyager sur l’eau impliquait quelquefois de porter le radeau pour contourner un obstacle : des rapides particulièrement violents, une chute d’eau ou un passage où l’eau était si basse que l’embarcation raclait le lit de la rivière. C’est pourquoi on ajoutait aux plateformes de minces rondins servant de poignées qui permettaient à ceux qui les manœuvraient de les porter. Cette fois, les voyageurs les aidèrent, ce qui facilita la tâche. Les rames, les gouvernails et les perches furent chargés sur les travois tirés par les chevaux, ainsi que les tentes de voyage et le reste du matériel. Marchant lentement le long de la berge, tous avaient fourré leurs affaires personnelles dans leur sac à dos et portaient les radeaux à tour de rôle.

Alors qu’ils progressaient vers l’est sur la rive gauche, côté sud de la Grande Rivière, ils surent qu’ils approchaient du confluent avec la Rivière quand ils arrivèrent à la première de deux grandes boucles de la Grande Rivière. Parvenus au bas de la première, ils ne longèrent plus le cours d’eau. Cela aurait représenté une distance beaucoup plus grande alors qu’il leur suffisait de continuer tout droit pour rejoindre le bas de la seconde boucle. Ils suivirent un sentier qui était à l’origine une simple piste d’animaux et que le passage de nombreux humains avait élargi. À l’endroit où il bifurquait, une branche partait vers le nord le long de l’eau, l’autre vers l’est à travers les terres. C’était la seconde qui était la plus fréquentée.

Une fois au bas de la seconde boucle, ils suivirent la Grande Rivière uniquement jusqu’à ce qu’elle reprenne la direction du nord. Les deux sentiers qui partaient de cet endroit, l’un vers l’est, l’autre vers le nord, montraient les traces d’une égale fréquentation. C’était l’extrémité nord de la deuxième boucle qui se trouvait en face du confluent avec la Rivière, et ce sentier nord était aussi souvent emprunté que l’autre. En prenant à l’est à travers les terres, ils retrouvèrent la Grande Rivière et la longèrent de nouveau en direction du sud. C’est près de cet endroit qu’ils décidèrent de camper pour la nuit.

Chacun avait fini de manger et la plupart des voyageurs, assis autour du feu, se détendaient avant d’aller se coucher dans leur tente, sous leur fourrure de couchage. Ayla resservait Jonayla en écoutant des jeunes gens de la Onzième parler d’établir une nouvelle Caverne près du lieu où les radeaux avaient fait halte après la première traversée de la Grande Rivière. Ils projetaient de proposer des endroits où dormir et de quoi manger aux voyageurs qui traversaient soit pour continuer vers le sud, soit pour pousser en aval vers l’est. En échange d’un bien ou d’un service faisant l’objet d’un accort préalable, les fabricants de radeaux et leurs passagers recrus de fatigue pourraient se reposer sans avoir à établir d’abord leur camp. Ayla commençait à comprendre comment les communautés humaines se développent et s’étendent, et pourquoi l’envie naît de créer une nouvelle Caverne. Cela semblait tout à coup parfaitement raisonnable.

Il leur fallut une journée de plus pour rejoindre la Première Caverne des Zelandonii du Sud. Ils y arrivèrent en fin d’après-midi et Ayla pensa qu’il était effectivement plus commode d’avoir un endroit où dérouler sa fourrure de couchage sans devoir planter une tente, où prendre un repas déjà préparé. Les membres de cette communauté voyageaient et chassaient pendant la saison chaude comme toutes les autres Cavernes et une partie seulement de ses membres était présente, mais ce nombre était plus élevé en proportion que celui de la plupart des autres Cavernes. Restaient non seulement ceux qui n’étaient pas en état de voyager mais aussi ceux qui se rendaient disponibles pour offrir leurs services.

Les voyageurs furent invités à passer quelques jours de plus avec les Zelandonii du Sud, qui avaient entendu parler d’un loup et de chevaux obéissant à une étrangère ramenée par un membre de la Neuvième Caverne au terme d’un long Voyage. Ils furent étonnés de découvrir qu’une grande partie de ce qu’ils croyaient être des exagérations était en fait vrai. Ils se sentaient en outre honorés d’accueillir la Première parmi Ceux Qui Servaient la Grande Terre Mère. Tous les Zelandonii, même ceux qui la voyaient rarement, lui reconnaissaient ce rang, mais un membre de la Caverne mentionna une autre femme qui vivait près d’une grotte située beaucoup plus au sud et qui était également très respectée. La Première sourit : elle avait entendu parler de cette femme et comptait la voir.

Ceux que la Caverne du Sud connaissait le mieux, c’étaient les rameurs de la Onzième et le Maître du Troc de la Neuvième. Willamar était souvent passé par cet endroit au cours de ses voyages. Les deux Cavernes de Zelandonii qui construisaient et manœuvraient les radeaux avaient beaucoup d’histoires à raconter et de connaissances à partager, aussi bien l’une avec l’autre qu’avec tous ceux qui se montraient intéressés. Ils expliquèrent certaines techniques de fabrication que Jondalar écouta avec une grande attention.

Il parla des bateaux sharamudoï, sans toutefois entrer dans les détails puisqu’il avait décidé d’en fabriquer un plutôt que de fournir des explications. Sa réputation de tailleur de silex était établie et il fut heureux de montrer certaines de ses méthodes quand on le lui demanda. Il expliqua aussi comment il avait mis au point le propulseur, dont l’usage se répandait rapidement, et, avec Ayla, fit voir comment maîtriser cet instrument de chasse efficace. Ayla montra aussi son habileté à la fronde.

Willamar narra quelques-unes de ses aventures de Maître du Troc avec un talent de conteur qui captiva son auditoire. La Première saisit l’occasion d’instruire le groupe en récitant ou en chantant de sa voix impressionnante plusieurs Histoires et Légendes Anciennes des Zelandonii. Un soir, elle persuada Ayla de déployer sa virtuosité dans l’imitation des cris d’animaux et des chants d’oiseaux. Après avoir raconté une histoire sur le Clan, Ayla expliqua comment communiquer dans la langue des signes et, avant longtemps, tout le groupe tenait des conversations simples sans émettre un son. C’était à la fois un amusement et l’apprentissage d’un langage secret.

Jonayla était une fillette adorable que tous prenaient plaisir à divertir et, seul enfant du groupe, elle se retrouvait au centre de l’attention. Loup également, parce qu’il laissait les membres de la Onzième le toucher et le caresser, mais plus encore parce qu’il obéissait aux ordres de ceux qu’il connaissait, en premier lieu Ayla, Jondalar et Jonayla. Tous étaient aussi intrigués par le pouvoir des trois visiteurs sur leurs chevaux. Whinney, douce et docile, était sans doute la plus proche d’Ayla. Jondalar guidait avec une grande maîtrise l’étalon plus fougueux qu’il appelait Rapide, mais le plus stupéfiant, c’était la façon dont la petite Jonayla montait Grise, la jeune jument, et s’occupait d’elle, bien qu’il fallût encore l’aider à grimper sur son dos.

Ayla et Jondalar laissèrent aussi quelques personnes monter les chevaux, en particulier les deux juments. L’étalon pouvait se montrer difficile avec des inconnus, surtout s’ils étaient nerveux. Les membres de la Onzième Caverne s’intéressèrent beaucoup à l’utilité des chevaux pour transporter des choses lourdes. Les fabricants de radeaux comprenaient mieux que personne les problèmes de transport mais se rendaient également compte du soin qu’il fallait prendre des bêtes même quand on ne les utilisait pas. On n’avait pas besoin de nourrir un radeau ni de lui donner à boire, il suffisait de l’entretenir, de le réparer et de le porter à l’occasion.

Le souvenir des jours passés ensemble rendit tristes les voyageurs et les membres de la Onzième Caverne lorsqu’ils durent se séparer. Ils avaient traversé ensemble des moments difficiles sur l’eau ; sur terre, ils avaient partagé les efforts du portage. Chacun avait accompli sa part pour installer le camp, chasser et cueillir, s’acquitter des corvées de la vie quotidienne. Ils avaient échangé des histoires et des techniques, noué une amitié qu’ils espéraient faire revivre plus tard. En partant pour le sud, Ayla éprouva un sentiment de perte. Les membres de la Onzième Caverne étaient devenus une partie de sa famille.

Le Pays Des Grottes Sacrées
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